Qu’est ce que le Bilinguisme précoce ?

Si les acquisitions précoces sont si importantes, c’est parce qu’elles sont plus formatrices que si l’on apprend les mêmes langues plus tard, c’est à dire après l’âge de 7 ans. En effet, ce qui compte ici, ce n’est pas la vitesse d’acquisition, c’est la profondeur de ce qui est construit entre zéro et sept ans. Comme pour la langue maternelle ou première. En effet, le langage comme faculté ne se construit qu’une seule fois dans une vie :

Les techniques d’imagerie médicale (IRM) montrent que l’individu construit un centre nerveux supplémentaire pour la grammaire d’une langue apprise après l’âge de 6/7 ans, en s’appuyant laborieusement sur les anciens « câblages » de sa langue maternelle. Tandis que chez l’enfant très jeune, c’est le même centre nerveux (aire de Broca) qui va construire et traiter la grammaire de chacune des deux langues acquises sans détour par une langue première ou maternelle. Ici « grammaire » désigne les automatismes acquis bien avant l’école et non les connaissances scolaires sur la grammaire.

 

Première conclusion : les langues acquises ou démarrées avant 7 ans forment la faculté du langage ; après cet âge on apprend encore des langues, mais on ne forme plus de langage. Le bilingue est donc équipé doublement et ce pour toute la vie, c’est à dire également au bénéfice des langues apprises plus tard.

 

Seconde conclusion : l’acquisition précoce de la deuxième langue ne se fait pas au détriment de la langue maternelle, mais à son bénéfice. En effet, les compétences des bilingues précoces sont tranférables à d’autres langues : vocabulaire, automatismes gramaticaux, performances auditives et articulatoires, sens et fonction des mots, flexibilité des allers-retours d’une langue à l’autre, références culturelles, tout, absolument tout est plus riche, plus ouvert, plus souple et plus précis chez le bi- et le plurilingue que chez le monolingue du même âge.

Il en résulte que, par exemple, le bilingue français/allemand (…) apprendra plus vite et mieux l’anglais en troisième langue que son camarade monolingue du même âge n’apprendra le même anglais en deuxième langue tardive. Le fond des choses, c’est qu’il n’y a pas de « don des langues » – même s’il existe des différences individuelles – et que le « don des langues » est un acquis précoce, à l’âge du langage.

 

Source : OLCA (par le Professeur Gilbert DALGALIAN) – L’éducation bilingue précoce : pour quoi faire ?